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Quand le travail perd son sens : comprendre et traverser le brown-out

Fatigue persistante, décrochage intérieur, détachement progressif… Le brown-out, ce mal discret du travail contemporain, touche de plus en plus de salarié·es sans toujours être identifié. Moins spectaculaire qu’un burn-out, moins visible qu’un bore-out, il interroge profondément notre rapport à l’utilité, à la motivation et à l’engagement.

Et si cette perte de sens n’était pas un effondrement, mais un point d’inflexion ?

Une tension invisible mais bien réelle

Dans un contexte de transformation accélérée du monde professionnel, le rapport au travail s'est fragilisé. Des salarié·es disent faire leur travail, atteindre leurs objectifs, être « performants » sur le papier… mais ne plus comprendre pourquoi.

C’est là que le brown-out s’installe.
Issu du langage de l’électricité, ce terme désigne une chute de tension : ni rupture brutale, ni panne totale, mais un effritement lent de l’énergie et de la clarté. Appliqué au travail, il traduit une perte de sens ressentie, une déconnexion progressive entre les actes quotidiens et la finalité de son métier.

Selon le baromètre Empreinte Humaine d’avril 2025, 45 % des salarié·es français·es déclarent être en détresse psychologique, et une part significative évoque la perte de sens comme source principale de mal-être. La Dares soulignait déjà en 2021 que 6 actif·ves sur 10 vivaient des conflits de valeurs dans leur travail.

Ces chiffres témoignent d’une réalité : le sens est devenu une condition de soutenabilité du travail.

Quand le travail ne résonne plus

Le brown-out ne se manifeste pas toujours par des symptômes spectaculaires. Il s’insinue dans le quotidien, par une lassitude difficile à nommer : un détachement émotionnel, un sentiment d’absurde, une envie de faire le minimum sans aller jusqu’à la rupture.

La perte de sens peut venir de plusieurs facteurs :

  • Des tâches perçues comme inutiles ou absurdes (le phénomène des « bullshit jobs » décrit par David Graeber) ;
  • Des décisions contraires à ses valeurs éthiques ou sociales ;
  • L’impression de n’avoir aucun impact réel, de travailler « dans le vide » ;
  • Une hyper-procéduralisation qui déshumanise le travail, même dans les métiers d’aide ou de lien.

Dans certains cas, le salarié peut continuer à « bien faire son travail », mais avec une forme de désengagement intérieur qui affecte son énergie, sa motivation, voire sa santé.

Un trouble qui affecte aussi les trajectoires

L’un des effets les plus insidieux du brown-out est qu’il altère la capacité à se projeter. Il brouille les repères. Le quotidien devient flou, les objectifs sans relief.

Ce désalignement entre soi et son travail peut déboucher sur :

  • un présentéisme désengagé, où l’on est là sans y être ;
  • une mobilité subie, prise dans la confusion ;
  • ou, à plus long terme, une dégradation de la santé mentale : troubles du sommeil, fatigue chronique, perte de confiance.

Selon une enquête Malakoff Humanis (2024), 55 % des salarié·es reconnaissent ressentir une baisse de motivation liée au manque de sens. Et dans le même temps, les entreprises peinent à fidéliser : le turn-over silencieux progresse, sans retour clair ni conflit déclaré.

Pourquoi le brown-out devient si fréquent aujourd’hui ?

Ce phénomène ne relève pas d’un défaut individuel d’engagement. Il est le symptôme d’un changement structurel dans notre manière d’envisager le travail.

Plusieurs évolutions y contribuent :

  • Une intensification des tâches et des normes, qui réduit l’autonomie décisionnelle ;
  • L’essor de missions fragmentées, parfois déconnectées du collectif ;
  • L’isolement croissant avec le télétravail, qui peut limiter les repères concrets de son utilité sociale ;
  • Une pression sur les résultats qui écrase parfois la réflexion sur le sens, la contribution, la vision.

Le brown-out n’est donc pas un caprice. Il témoigne d’un besoin de reconnexion au “pourquoi” du travail. De clarté. Et parfois, de changement.

Refaire surface : repenser son travail sans tout détruire

Il n’est pas toujours nécessaire de changer radicalement de métier pour sortir d’un brown-out. Mais il est souvent salutaire de prendre un temps de recul, de faire le point sur ses besoins et d’explorer ses marges de manœuvre.

Sortir du flou, nommer ce qu’on ressent, comprendre ce qui s’est désaligné : ce sont des étapes essentielles pour pouvoir reconstruire.
Parfois, cela mène à un changement de poste, de secteur, de rythme. D’autres fois, un ajustement du périmètre, ou une nouvelle manière d’exercer, suffisent à réenclencher une dynamique vivante.

Dans tous les cas, une chose est sûre : il est possible d’évoluer sans s’abîmer.

Une transition soutenue : ce que propose Shinka

Le brown-out, en creux, dit souvent : je veux que mon travail ait du sens. Je veux me sentir utile. Je veux retrouver ma place, sans me perdre.
Chez Shinka, nous avons conçu des parcours d’accompagnement pour répondre précisément à ce besoin.

Notre approche repose sur trois piliers :

  • Des temps d’analyse psychoprofessionnelle, pour identifier ce qui s’est désaligné ;
  • Des temps de travail personnel pour explorer vos appuis, vos ressources et vos pistes ;
  • Un espace d’accompagnement, à la fois stratégique et bienveillant, pour envisager un avenir professionnel soutenable — à la hauteur de ce que vous êtes.
FAQ – Tout comprendre sur le brown-out au travail

Qu’est-ce que le brown-out au travail ?

Le brown-out désigne une forme particulière de mal-être professionnel, liée à une perte de sens dans les tâches effectuées. Contrairement au burn-out (épuisement par surcharge) ou au bore-out (ennui chronique), le brown-out se manifeste par un décalage entre les missions accomplies et leur utilité perçue. La personne ne comprend plus pourquoi elle travaille, ce qui génère un désengagement intérieur.

Quels sont les signes du brown-out ?

Les symptômes du brown-out peuvent inclure :

  • Une baisse progressive de motivation,
  • Un détachement émotionnel vis-à-vis de ses tâches,
  • Le sentiment de faire un travail vide de sens,
  • Une fatigue mentale persistante, même sans surcharge apparente,
  • Des doutes identitaires ou professionnels,
  • Une difficulté à se projeter dans l’avenir.

Quelle est la différence entre brown-out, burn-out et bore-out ?
  • Burn-out : épuisement lié à une surcharge de travail ou à une pression intense.
  • Bore-out : ennui profond, sous-utilisation de ses compétences, perte d’intérêt.
  • Brown-out : perte de sens, sentiment que les tâches effectuées sont inutiles ou déconnectées de ses valeurs.
    Chacun de ces syndromes a ses propres causes et dynamiques, mais ils peuvent se croiser dans certaines situations.

Quelles sont les causes du brown-out en entreprise ?

Le brown-out peut être provoqué par :

  • Des tâches perçues comme absurdes ou inutiles,
  • Un manque d’autonomie ou de reconnaissance,
  • Des valeurs professionnelles en conflit avec celles de l’organisation,
  • Une hyper-procéduralisation qui déshumanise les missions,
  • Une perte de visibilité sur l’impact de son travail,
  • Une crise existentielle dans un contexte de transformation rapide.

Comment sortir d’un brown-out ?

La première étape consiste à nommer ce qui se passe et à en prendre conscience. Ensuite :

  • Faire un point de situation lucide sur son rapport au travail,
  • Explorer les sources de désalignement (valeurs, missions, environnement),
  • Identifier ses besoins profonds et ses marges d’ajustement,
  • Se faire accompagner dans une réflexion de repositionnement, si besoin.
    Un changement radical n’est pas toujours nécessaire : parfois, une relecture fine de sa place suffit à retrouver du sens.

Peut-on se faire accompagner pour sortir d’un brown-out ?

Oui. Un accompagnement professionnel, tel que le bilan de compétences ou des séances de coaching, permet de :

  • Clarifier son vécu,
  • Retrouver ses ressources et ses envies,
  • Construire un projet professionnel plus aligné avec soi-même,
  • Et éviter une dégradation plus profonde (burn-out, rupture, perte de confiance).

Chez Shinka, nous avons développé des accompagnements spécifiques pour traverser ce type de transition avec justesse et sans culpabilité.

Sources

  • Empreinte Humaine & OpinionWay – Baromètre Santé Mentale au Travail, avril 2025
  • DARES – Quand le travail perd son sens, mai 2021
  • Apec – Job et valeurs : quand le compte n’y est plus, 2024
  • Malakoff Humanis – Baromètre qualité de vie au travail, 2024
  • David Graeber – Bullshit Jobs, 2019
  • Marie-Anne Dujarier – Le travail du consommateur, 2014
  • Culture RH – Souffrance au travail : +13 points de stress en un an, 2024

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